C'est en 1944 que les quatre futurs Frères
Jacques ont créé leur ensemble. Il est
composé de deux frères, André et Georges
Bellec, de François Soubeyran et de Paul
Tourenne.
Il
était une fois…
Les frères
Bellec sont de Saint-Nazaire.
André
(12/2/14) a suivi une formation juridique
avant de passer quelques années dans l'armée.
Après l'Armistice de 1940, il devient
instructeur d'art dramatique dans des
chantiers de jeunesse. C'est là qu'il
rencontre des compagnies théâtrales et qu'il
se forme au chant, à la danse et au mime.
Son frère Georges (18/3/18) a une
formation plus artistique. Fan de jazz, il
devient un excellent trompettiste.
Parallèlement, il s'inscrit pendant la
guerre aux Beaux-Arts de Paris. Pour
échapper au STO (Service de Travail
Obligatoire), il retrouve son frère André
dans les chantiers de jeunesse du sud de la
France. A la Libération, il retrouve les
Beaux-Arts et la trompette. Mais son
tempérament comique et sa superbe voix font
de lui un candidat idéal pour le quatuor
qu'André cherche alors à monter.
Outre Georges,
il engage également François Soubeyran
(19/8/19), le campagnard du groupe
originaire de la Drôme. Ce dernier, mobilisé
en 1939, rejoint les rangs de la Résistance
en 1942. Après la guerre, il monte à Paris
pour prendre des cours d'art dramatique. Sa
voix lui permet de faire quelques
remplacements dans des opérettes. André
Bellec le rencontre par l'intermédiaire du
comédien Yves Robert qui lui-même avait
décliné la proposition de chanter.
Enfin le
quatrième larron est le Parisien
Paul
Tourenne (25/2/23). Marié et père à 20
ans, il est employé des Postes pendant la
guerre. Lors d'un spectacle monté pendant
des colonies de vacances dont il s'occupe,
Paul est repéré par un créateur d'émissions
de radio. Cette rencontre le mène à un poste
de régisseur d'orchestre. Après la guerre,
il travaille un temps à Travail et Culture,
un organisme chargé de la promotion des
Arts. C'est là qu'il rencontre André Bellec,
lui-même administrateur au TEC. Le quatuor
est alors au complet pour attaquer une
longue carrière.
Chant et théâtre
Tout à la fois
comédiens et chanteurs,
les Frères Jacques
(de l'expression "Faire le Jacques", faire
l'imbécile) intègrent la troupe
Grenier-Hussenot, la première troupe de
théâtre à se monter à la Libération. C'est
là qu'ils rencontrent Pierre Philippe, pianiste de la compagnie, qui devient très
vite le pianiste attitré des Frères Jacques
et le cinquième membre du groupe. Pierre
Philippe va mettre en place leur musicalité,
leur sonorité si particulière. Il va les
faire travailler très dur pour fignoler au
maximum leurs morceaux.
Outre Pierre
Philipe, ils rencontrent aussi Jean-Denis
Malclès, décorateur de théâtre qui créé leur
célèbre costume : collants noirs,
justaucorps d'une couleur différente pour
chacun, gants et chapeaux multiples selon
les chansons. Ce costume très inspiré par la
danse et pour le moins moulant sera souvent
source de blagues et de discussions,
choquant les uns, amusant les autres. Mais
les quatre hommes ne le quitteront jamais
jusqu'à leur dernier tour de chant en 1982.
Malclès est aussi l'auteur de leur décor qui
ne connaîtra guère de variations au cours de
leur carrière.
Pendant
quelques années, les Frères Jacques
allieront en permanence théâtre et chant.
Les nuits sont longues entre les
représentations théâtrales et les récitals
dans divers cabarets de la Rive Gauche.
Cette multitude de prestations leur donnent
une notoriété assez rapide, du moins dans la
capitale. Leur humour, leur style, leurs
mises en scènes réglées au millimètre et
bien sûr leurs costumes font d'eux des
artistes qu'on remarque.
Ils connaissent
leur premier succès en 1946 sur la scène du
cabaret d'Agnès Capri avec le titre "L'Entrecôte".
Inspiré de la vie quotidienne, leur
répertoire aborde souvent des thèmes
apparemment très banals comme une entrecôte
mais les mises en scène, l'orchestration et
leur interprétation teintée d'humour met en
valeur n'importe quel sujet.
Premiers microsillons
En 1947, les
Frères Jacques font leur premier music-hall
aux Folies-Belleville. Mais, c'est sur la
scène du cabaret la Rose Rouge qu'ils vont
se créer une vraie notoriété. Pendant cinq
ans, ils collaborent essentiellement avec ce
cabaret dont ils sont des piliers. Ils y
multiplient leurs premiers succès, "le
Manège aux cochons roses", "Nous voulons une
petite soeur" ou "Sérénade de la purée".
Tout naturellement, ils viennent à
enregistrer leur premier 78 tours de quatre
titres en 1948.
Désormais, les
Frères Jacques naviguent entre
d'innombrables engagements. En 1949, ils
participent à leur dernière production avec
la Compagnie Grenier-Hussenot, dans "les
Gaietés de l'Escadron" de Georges Courteline
au Théâtre de la Renaissance. A l'automne,
ils sont engagés cinq mois à Bobino où ils
jouent les Pieds Nickelés mis en scène par
Yves Robert.
Mais
l'événement essentiel de cette année-là est
leur rencontre avec Jacques Canetti, agent
artistique chez Polydor et Philips et
surtout découvreur de talents. Non seulement,
il leur fait signer un contrat pour
plusieurs enregistrements mais surtout, il
leur propose le répertoire de Jacques
Prévert et Joseph Kosma. Si Prévert semble
sceptique sur les interprétations de ses
textes par les Frères Jacques, et si ces
derniers ne se sentent pas dans un premier
temps à la hauteur du défi, c'est pourtant
un succès puisqu'en 1950, le quatuor obtient
le Grand Prix du disque pour la chanson "L'inventaire".
Parallèlement, Canetti leur fait enregistrer
quatre 78 tours d'affilée. Leur notoriété
prend ainsi son envol et sort du cadre
étroit du tout-Paris.
Premiers voyages
Dès 1951, les
Frères Jacques entament leur première
tournée internationale. Il y en aura
beaucoup d'autres. Ils commencent par
l'Afrique du Nord, puis de juillet à
septembre, découvrent l'Amérique du Sud. Le
5 octobre, ils sont de retour sur la petite
scène de la Rose Rouge.
L'année 52
marque un tournant puisque dès lors, les
Frères Jacques auront une vraie carrière
d'artistes de music-hall avec un récital à
part entière construit du début à la fin
dans le décor unique de Jean-Denis Malclès
et exploité sur scène pendant environ deux à
trois ans. Ce premier du nom est donc joué
pour la première fois au Théâtre Daunou.
Le succès
s'imposant, les tournées vont tout
naturellement s'enchaîner à des rythmes
intensifs. En 52, ils visitent la Turquie et
le Liban, puis partent en avril pour les
Etats-Unis et le Canada. L'année suivante,
ils tournent avec Line Renaud et
Yves Montand, déjà une immense vedette.
Pendant toute leur carrière, ils passeront
de nombreux mois en voyage.
Ils trouvent
cependant le temps d'enregistrer quelques
disques qui se vendent de mieux en mieux, et
de faire du cinéma. C'est ainsi qu'en 53,
les quatre hommes font une apparition dans
un film de Jean Boyer, "le Pays des
clochettes", aux côtés de Sophia Loren.
Alors qu'ils
avaient joué pour la première fois sur la
scène de la Comédie des Champs-Élysées en
1945 à leurs tout débuts, c'est ce théâtre
qu'ils choisissent en 1955 pour fêter leur
dixième anniversaire. Ils le considèrent
comme leur théâtre fétiche. Du chemin a été
parcouru depuis la fin de la guerre, et le
récital monté pour cette occasion a un tel
succès de février à juin qu'il est à nouveau
à l'affiche d'août à octobre. Bien sûr, une
tournée française est mise en place dans la
foulée et confirme l'immense popularité
d'alors des Frères Jacques. Que ce soit à
Paris ou en province, leurs facéties vocales
et leurs mises en scène précises et
irrésistibles ont un succès immense. Même
auprès des touristes, ils deviennent une
valeur sûre et tellement "typique" au même
titre que la Tour Eiffel.
François Soubeyran
Georges Bellec
André Bellec
Paul Tourenne
date de création 1944
-
date de séparation 1983
|
Scènes et triomphes
Lorsqu'en 1956,
ils jouent dans l'opérette "la Belle
Arabelle", c'est la dernière fois qu'ils
participent à un travail de troupe. Mis en
scène par leur ami Yves Robert, ce spectacle
est représenté au Théâtre de la Porte
Saint-Martin jusqu'en juin 1957. La musique
est co-écrite par leur pianiste Pierre
Philippe et les textes par le comédien et
humoriste Francis Blanche.
Dès qu'ils
terminent les représentations de "la Belle
Arabelle", et avant de le reprendre en fin
d'année, ils passent un mois sur la caravane
du Tour de France qui à l'époque entraîne de
nombreux artistes dans son sillage. Y
participer est un signe de grande popularité
auprès du public.
Grands
travailleurs, les Frères Jacques ont un
rythme très régulier. Quand ils mettent au
point un nouveau récital, ils travaillent
plusieurs mois à l'écart des médias. Puis
pendant souvent plusieurs mois, ils
présentent le spectacle à Paris avant de
l'emmener en tournée européenne et enfin
mondiale. Le processus est, à partir de la
fin des années 1950, assez systématique.
C'est
exactement ce qu'il se passe à partir de la
fin 58 où ils préparent leur troisième
récital. Les années 1959 et 1960 sont donc
consacrées à son exploitation : Paris, la
province française, l'Europe puis le monde
entier. De Tel Aviv à Tokyo, le quatuor est
réclamé sur toutes les scènes du monde telle
une enseigne de prestige représentant la
France.
Yéyés et tradition
En 1961, le
même schéma se reproduit avec leur quatrième
récital. Leur style est désormais définitif
et la nouveauté de chaque spectacle vient
juste de leurs nouvelles chansons et des
chorégraphies qui les accompagnent. Mais
s'ils étaient très novateurs à leurs débuts,
les Frères Jacques deviennent au cours des
années 190 des figures de plus en plus
classiques. La rude concurrence des
nouvelles musiques venues d'Amérique,
rock'n'roll et autre twist, ne les
déstabilisent pas mais ne fait rien pour les
moderniser aux yeux du public. Pourtant, les
salles sont toujours combles que ce soit en
France ou à l'étranger.
1962, 1963, les
tournées se suivent avec peu de place pour
d'autres activités. Cependant, en 1963, les
Frères Jacques trouvent le temps
d'enregistrer avec d'autres comédiens des
pièces de Molière pour une encyclopédie
sonore des éditions Hachette. Ils repartent
encore en 1964 et chantent même sur le
paquebot France.
Cette année-là,
la nouveauté vient de la décision de Pierre
Philippe de prendre sa retraite. Après
environ 20 ans de collaboration, cette
décision est tristement vécue par les Frères
Jacques qui considèrent leur pianiste comme
le cinquième membre du groupe. C'est
d'ailleurs ainsi que la presse le présente
souvent. Mais il se passe quand même deux
ans avant son départ définitif. En 1965, les
Frères Jacques passent au music-hall du
Marais au centre de Paris. C'est un des
derniers récitals de Pierre Philippe avec
eux. Celui qui a largement participé à créer
leur image. Il laisse sa place à Hubert
Degex en 66. Ce dernier assiste aux
dernières représentations avec Pierre
Philippe afin d'enregistrer tous les accords.
Les Frères
Jacques inaugurent cette nouvelle
collaboration en janvier 1966 à Lyon puis
sur la scène du Théâtre Fontaine en
septembre. Son prédécesseur ayant laissé une
trace certaine, Hubert Degex mettra
plusieurs mois à affirmer son style
personnel. Mais il se distingue en inventant
une troisième pédale qui lui sert à
commander les lumières du spectacle.
Enfin en 1965,
les Frères Jacques s'attaquent à un
répertoire qu'ils abordent avec talent : les
Fables de La Fontaine, petits chefs-d'oeuvre
de la littérature classique du XVIIème
siècle dont l'humour et la précision collent
parfaitement au style de groupe.
Récompenses
Véritables
personnalités de la scène culturelle
française, les Frères Jacques sont nommés
Chevaliers des Arts et Lettres en 1966. Ils
traversent les modes sans ombrage. En 1968,
ils retrouvent le Théâtre Fontaine pour
trois mois à partir du 26 septembre. C'est
le sixième récital et le premier réellement
préparé par Hubert Degex. On y entend des
nouvelles chansons comme "la Chanson sans
calcium" (de Jean-Claude Massoulier), "le
Fric" ou "les Deux escargots". La tournée va
durer une bonne partie de l'année 69 avec en
particulier un tout premier voyage en Union
soviétique.
Toujours en
1969, ils reçoivent le très rare Prix In
Honorem de l'Académie Charles-Cros pour
l'ensemble de leur oeuvre.
Les années
suivantes naviguent de tournées en voyages
entrecoupés de scènes parisiennes : Bobino
en 1970 (avec Catherine Sauvage), le Palais
Royal en 1971, le Théâtre Saint-Georges en
72 (récital n°7). Les nouvelles chansons
sont toujours au rendez-vous, de "Bon Dieu,
où est ce peloton?" à "la Fanfare". De plus,
Prévert fait toujours partie de leur
répertoire via "la Pêche à la Baleine" ou
"En sortant de l'école". Les Frères Jacques
comptent 25 ans de carrière et une forme
excellente. Leurs costumes moulants et leurs
spectacles riches en chorégraphies les
obligent à entretenir leur santé physique.
Et bien qu'à cette époque, ils aient à peu
près tous fêté leurs 50 ans, ce sont des
artistes pimpants qui se présentent chaque
soir sur scène.
En 1972, ils
passent au Théâtre de la Ville, théâtre
avant-gardiste, où ils se frottent à un
public plus jeune. Mais la rencontre est une
réussite. Plus ils vieillissent, plus leur
enthousiasme séduit les jeunes générations.
Au printemps
73, ils emmènent le récital n°7 en tournée.
Il les mènera jusqu'en Nouvelle-Calédonie et
à Tahiti, mais aussi dans les universités
anglaises et américaines. Avec un passage à
Bobino en septembre. Puis l'année suivante,
c'est toute l'Afrique qu'ils parcourent et
pas moins de treize pays les découvrent.
Leur venue est à ce point un événement que
dans presque chaque pays, ils jouent en
privé devant le président en fonction.
Baisser de rideau
En 1975, les
Frères Jacques attaquent leur huitième
récital. C'est le dernier qui présentera des
créations toujours ancrées dans les petits
travers de la vie quotidienne : "les Fesses",
"les Pompistes" ou "Il fait beau". A la tête
d'un immense répertoire, ils peuvent presque
jouer chaque soir un programme différent. On
commence à évoquer la retraite et les Frères
Jacques eux-mêmes y songent. Mais à cette
époque, ils ont encore quelques années bien
remplies devant eux.
C'est en 1976
qu'ils fêtent leur 7.000ème récital au
Théâtre Antoine. Cette année-là, ils
emmènent leur spectacle à travers la France
puis en Amérique du Sud. En 77, ce sera le
tour de quelques pays européens et de
l'Algérie. Enfin en 78, ils retrouvent une
ultime fois l'Afrique où leur succès est
immense. Après l'Afrique, ils passent aussi
une dernière fois dans l'océan Indien (Madagascar,
Réunion, Maurice). D'ailleurs, désormais,
les tournées internationales seront souvent
les dernières.
Parenthèse
théâtrale en 1977 avec des retrouvailles
entre les Frères Jacques et leurs anciens
compagnons de la troupe Grenier-Hussenot
qu'ils avaient quittés depuis la fin des
années 50. C'est donc un événement quand ils
participent avec eux à une pièce musicale
qui évoque la Belle Epoque.
1979 marque le
début de la fin. Le 16 octobre, les Frères
Jacques montent sur la scène de leur théâtre
fétiche de la Comédie des Champs-Élysées
pour leur neuvième récital, aussi nommé sur
les affiches "Récital d'adieu". Aucune
création mais un large inventaire de leurs
succès. Ce spectacle tournera deux ans en
France et dans les pays environnants. La
tournée ira jusque dans de très petites
villes. Les quatre artistes tiennent à
saluer une dernière fois le plus grand
nombre de leurs admirateurs.
Si la fin
officielle de la carrière des Frères Jacques
date de 1982, leur ultime concert a lieu
début 1983 au Théâtre de
Boulogne-Billancourt en banlieue parisienne.
Héritage
Les Frères
Jacques ont eu une carrière riche en bons
moments. Avec des milliers de concerts, près
de 400 chansons et des tournées qui les ont
menés dans 68 pays, ils ont rencontré un
exceptionnel succès artistique, public et
critique tant en qualité que dans la durée.
Ils ont chanté sur les plus prestigieuses
scènes et devant les plus fameuses
personnalités de Charlie Chaplin à la Reine
d'Angleterre. Leur style unique a engendré
quelques descendants comme Chanson Plus
Bifluorée ou l'ensemble à cordes
comico-instrumental le Quatuor. Ces artistes
sont d'ailleurs présents lorsque les 12 et
13 janvier 1996 est organisé un jubilé au
Casino de Paris qui célèbre le cinquantième
anniversaire de leur création. On y voit
aussi les ensembles jazzy-vocal TSF et
Orphéon Célesta, ainsi que leur vieux
complice, auteur de nombre de leurs chansons
Ricet-Barrier. A cette occasion, de
nombreuses compilations sont éditées.
Le 21 octobre
2002, François Soubeyran âgé de 83 ans,
décède à Paillette-Montjoux, un village de
la Drôme où il était retiré. Les autres
membres du groupe ont une retraite active au
cours de laquelle chacun s'adonne à sa
passion : Georges Bellec reprend la peinture
et expose régulièrement. (Il décède le 13
décembre 2012 à l'âge de 94 ans). Paul Tourenne
continue de jouer les photographes puisque
au cours de leurs innombrables tournées, il
avait déjà prouvé son talent dans ce domaine.
Paul Tourenne, le dernier survivant
du célèbre quatuor vocal « Les Frères
Jacques », il décède le 20 novembre à
Montréal où il résidait depuis une
dizaine d’années.
Enfin André Bellec a animé quelques années
le groupe artistique des anciens du
spectacle. Il décède le 3 octobre 2008 à
l'âge de 94 ans.
De la plus pure
poésie à la chanson paillarde en passant par
les textes d'auteurs tels Vian,
Brassens, Queneau, Ferré,
Sartre, Bernard Dimey ou Jean Cosmos,
les Frères Jacques
ont réussi une synthèse entre théâtre et
musique en créant un style où le visuel est
aussi essentiel que la voix.